Je ne suis pas un héros by Sophie Adriansen

Je ne suis pas un héros by Sophie Adriansen

Auteur:Sophie Adriansen [Adriansen, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roms, famille, tolérance, intolérance, immigration, misère, rue, mendicité, école, Accueillir, accueil, Culture, territoire, France, Trottoir, Réfugié, Migrant, délit, solidarité, hôtel, Expulsion, Police, certificat, Mairie, Travail, étranger, commissariat, association, Roumanie
Éditeur: Fleurus
Publié: 2019-06-26T09:02:52+00:00


25.

– Pas manger ça.

Sorina fait la grimace. Au centre de la table trône un maxi plateau de fruits de mer à deux niveaux. On dirait que le personnel du restaurant a essayé de faire tenir le plus de choses possible dessus. Au rez-de-chaussée, sur un lit de glace, il y a des huîtres de différentes formes qui se che-vauchent et des crevettes de plusieurs couleurs ; au premier étage, disposés sur des algues d’un vert très sombre, des coquillages variés, un homard et…

– Des crabes ! s’exclame Capucine.

– Ce sont bien des crabes, confirme maman. Celui-ci est un tourteau, ou un dormeur.

– Pourquoi, il dort vraiment ?

– Non, mais il peut rester longtemps immobile. Enfin, là, il est cuit. À côté, en revanche, c’est une araignée de mer. C’est une autre espèce de crabe.

– Et pourquoi les crevettes ne sont pas toutes grandes pareil ? demande encore ma sœur, qui sait déjà par quoi elle va commencer. Il y a les bébés et les parents ?

– Non, il y a des crevettes et des langoustines. Regarde, elles ne sont pas identiques, et les langoustines sont plutôt rouges que roses.

– Tu peux me décortiquer des bébés grises ? demande Capucine à maman.

– D’accord, mais alors tu mets bien ta serviette. Tout le monde met bien sa serviette, comme ça, le coin rentré dans le col.

Elle montre comment faire. Papa et Mamilaine l’imitent. Bientôt, tout le monde est paré de sa serviette, façon bavoir.

– C’est ce qu’on appelle un plateau « royal », précise papa.

Le serveur apporte des corbeilles de pain ainsi que deux petits tourniquets chargés de plaques de beurre miniatures, de quartiers de citron jaune ou vert, de pots de mayonnaise et d’une vinaigrette dans laquelle flottent d’étranges et minuscules embarcations. Il dépose un rince-doigts à côté de chacune de nos assiettes, où nous avons, je viens seulement de m’en apercevoir, des piques à fruits de mer de plusieurs tailles en plus de nos couverts.

Maman détaille les coquillages : bulots, bigorneaux, palourdes, amandes, couteaux… Je n’aime pas les huîtres (et depuis qu’Apollin m’a fait remarquer qu’elles ressemblaient à ce qui sort du nez quand on se mouche, je n’arrive pas à imaginer autre chose), mais les bigorneaux et le homard, j’adore.

Alors je saisis une pique et j’attrape un bigorneau. Je plante la pointe légèrement en biais, en évitant l’opercule. Apollin m’a aussi fait remarquer que cet opercule ressemblait à une vieille croûte d’écorchure, mais j’ai lu dans un livre que le bigorneau le fabrique pour se protéger une fois pêché. C’est juste une porte. Ça ne se mange pas mais c’est naturel.

Je tire. Le mollusque sort petit à petit. Son corps est un peu élastique. Magda et Sorina ouvrent de grands yeux mi-stupéfaits, mi-dégoûtés.

– Pas manger ça, répète Sorina en secouant la tête.

Mamilaine, qui vient de se tartiner du beurre sur une tranche de pain marron foncé, attrape une langoustine avant de s’adresser à papa :

– François, voulez-vous bien chercher le mot « escargot » dans votre traducteur, là, sur



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